En cette soirée du 12 novembre 2014, je ne veux pas dissimuler et je souhaite communiquer mon enthousiasme pour le magnifique exploit scientifique et humain que représente l’arrivée de Philae sur la comète au nom déjà invraisemblable: 67P/Tchourioumov-Guérassimenko.
Je n’ai pas assez de connaissances scientifiques pour commenter les caractéristiques techniques qui ont permis la réalisation de cette prouesse insensée, initiée dans les années 80, abandonnée en chemin par la NASA, donc totalement conduite par l’Agence Spatiale Européenne et lancée ver l’inconnu il y a plus de dix ans, avec les technologies de l’époque, obsolètes aujourd’hui.
Mais ma profession de psychanalyste, que certains humoristes nomment prédicteurs du passé (et c’est bien de cela qu’il s’agit dans cette mission, du passé du cosmos et peut être de l’humanité), m’a conduit à rechercher les raisons qui ont inspiré les responsables de cette entreprise merveilleusement déraisonnable à baptiser la sonde, le module et le site d’ « atterrissage ». De rapides recherches sur internet m’ont éclairé.
La sonde se nomme Rosetta: naturellement une référence à la pierre de Rosette, découverte en 1799, qui permit à Champollion en 1822 de décrypter les hiéroglyphes.
Le module a reçu le nom de Philae: une terre insulaire sur le Nil, à proximité d’Assouan, célèbre par le délicieux temple d’Isis et l’obélisque couverts d’hiéroglyphes précisément traduits par les travaux de notre égyptologue.
Enfin, le site porte le nom d’Agilkia, soit exactement celui de l’île sur laquelle le temple et l’obélisque ont du être déplacés en raison du barrage qui aurait entrainé leur submersion.
Nos chercheurs sont des scientifiques virtuoses mais aussi des humanistes: en désignant ainsi leurs chimères, ils rapprochent l’étude d’un des plus anciens fossiles de ce qu’a été le système solaire, il y a 4,5 milliards d’années, d’une des plus ancestrales civilisations de l’humanité. De même que la réflexion immémoriale des lointains égyptiens sur la vie et la mort, le temps circulaire de la nuit et du jour, le cycle du soleil sur les deux rives nous enseignent notre humaine condition, de même ce que nous dira Philae de l’origine du monde nous apprendra l’humilité devant ces mystères qui encore nous dépassent mais que l’ingéniosité de nos chercheurs nous permettent d’approcher.
Comme l’exprime si bien la locution latine : Ad astra per aspera i.e. Jusqu’aux étoiles par des sentiers ardus.