Dans une vidéo diffusée sur le site internet du Front National, Jean-Marie Le Pen, président d’honneur à vie de cette formation, dénigre quelques artistes (Noah, Madonna..) hostiles à ce parti d’extrême droite; le nom de Patrick Bruel est cité par la journaliste, Le Pen sursaute, puis dans un grand rire: » on fera une fournée, la prochaine fois ». Il n’y avait rien de mieux à attendre de cette vieille crapule fasciste, raciste et négationniste, coutumier du fait, et de son obsession: (le « point de détail de l’histoire » pour qualifier les chambres à gaz, et le « Durafour crématoire »).
Mais la réaction de sa fille est tout aussi diabolique, malgré ses efforts constants pour démarquer le Front National de ces positions exécrables. Elle commente: « Avec la très longue expérience (sic!) qu’est celle de Jean-Marie Le Pen, ne pas avoir anticipé l’interprétation qui serait faite de cette formulation est une faute politique dont le Front National subit les conséquences » Et de condamner illico « toute forme d’antisémitisme ». Florian Philippot, vice président et « penseur » de cette formation trouve ces propos » d’une brutalité qui est inappropriée, qui est excessive ».
La boucle est bouclée: la fille n’exclut pas son père du Front National (comme elle n’hésitait pas à le faire pendant les campagnes électorales récentes pour ceux de ses candidats qui commettaient des écarts de langage, et ils ne furent pas rares), elle ne condamne pas la tragique faute morale mais regrette seulement la bourde politique qui peut faire fuir certains électeurs abusés par la « dédiabolisation ». Quand à son vice président il limite ses regrets au caractère brutal, excessif des propos de J.M. Le Pen, sans la moindre condamnation sur le fond. Quels termes choisis permettraient, selon lui, d’envoyer au four, sans brutalité, ni excès?
Quels aveux, quel retour du refoulé!
Le Front National c’est d’abord cela.
Et l’on pourrait penser et surtout espérer que les propos du père, ses « dérapages » bien plus contrôlés qu’il n’y paraît ruineraient l’entreprise de dédiabolisation de la fille. Mais non !
Tout cela n’est-il pas juste bien orchestré ? Le père s’adressant aux fascistes, racistes, négationnistes ; la fille élargissant l’électorat en tentant de dédiaboliser et crédibiliser le FN.
Dédiaboliser le FN en posant son père comme victime d’interprétations malveillantes, c’est un comble !
Parfaite analyse politique. Mais n’oublions jamais la pulsion de haine et de destruction qui commande tous ces comportements. Thanatos.
Thanatos, oui, vous avez bien raison de nous le rappeler. Et la thèse du « grand remplacement » n’est-t-elle pas l’expression d’une mauvaise intégration de la violence fondamentale, ce conflit primitif conceptualisé par Jean Bergeret qui envisage l’éventualité de la mort de l’autre comme condition de sa propre survie ?
Mais la mauvaise intégration de la violence fondamentale ne suffit pas. Ce qui rend possible les maltraitances, les viols, les meurtres, les massacres, les génocides, c’est une opération de l’esprit qui amène certains à considérer certains autres comme n’étant pas des êtres humains, à réduire la part humaine. C’est l’inverse absolu du travail psychanalytique.
Je me demande si le « désaccord » entre Le Pen et sa fille n’est pas une entreprise d’enfumage destinée à la pseudo diebolasisation. Tous les organisme totalitaires sont très forts dans ce genre d’exercice.
Sans aucun doute. Mais il ne s’agit que de l’aspect tactique pour gagner dans l’immédiat la bataille de la communication. N’oublions surtout pas la perspective stratégique qui vise le long terme: la prise du pouvoir et sa confiscation en détruisant la démocratie et la République.
De quoi sera fait demain ?
Tentons l’impossible : lire ! MJA