Le printemps avant l’hiver?

En ce mois d’avril partout la vie explose: après les jonquilles et les violettes saluant la fin de l’hiver, les rouges camélias offrent leurs couleurs flamboyantes à ce beau printemps, bien vite rejoints par les azalées, les lilas et les rhododendrons. Les cytises tendent leur jaune miroir au soleil; les jardins exultent, partout la germination de la vie repousse les froidures et les jours s’allongent pour chasser les obscures nuits d’hiver. Dans les jardins, au long des routes et des chemins c’est la joie.

Dans cette allégresse  voulez vous vous faire plaisir, cette frénésie de couleurs renaissantes vous entraine-t-elle vers l’insolence, le courage de « dégager » ceux que vous n’aimez pas? Ne vous privez donc pas de renvoyer l’extreme droite et la droite extreme à leurs passés et passifs.

Mais si, par ailleurs, vous voulez vraiment, en toute conscience, voter Mélanchon, Hamon, blanc ou vous abstenir, faites le aussi. Vous récusez le vote utile et choisissez le vote futile, c’est parfaitement votre droit, d’autant plus que c’est peut être pour la dernière fois. En effet si le 7 mai à 20 heures, le résultat final signe l’heure des périls pour la République, la sortie de l’Union Européenne, l’écroulement économique, la résurgence de l’esprit raciste de Vichy, il sera trop tard et chacun devra faire face à sa responsabilité. Quelle ignominie pour l’image et le visage de la France, quelles inquiétudes en Europe, quelle tristesse dans le monde. Quelle faute pour les apprentis sorciers qui auront rendu le futur indésirable (litote), l’histoire tragique et par le choix du plaisir d’un instant , imposé la perpective d’un long hiver pour les droits de l’homme et leur patrie.

Rappel, à toutes fins utiles: l’article 16 de la constitution et le voie référendaire ouvrent aisément la porte à l’instauration d’une dictature (cf. les prises de pouvoir légales de Mussolini, Hitler, Pétain) ou d’une démocrature (Poutine, Erdogan..), à tout le moins d’un régime autoritaire. Le lendemain il est trop tard.

Autre rappel: je n’ai pas peur pour moi, la vie m’a enseigné les vertus de la résistance. Et à mon âge…Non mon souci se porte sur les générations montantes, enfants et petits enfants. Je ressens fermement un devoir, une responsabilité à leur égard.

6 réflexions au sujet de « Le printemps avant l’hiver? »

  1. Les vraies résistances, celles qui fondent la dignité de l’Humanité, sont celles qui prennent leur source dans l’amour de la vie, et non dans la haine ou l’exclusion.
    Il en est ainsi de ce propos qui prend appui sur un des partages les plus essentiels : celui de l’Homme et de la Nature. Cet éclairage fondateur nous rend définitivement optimistes , par vents et marées…. ! Merci .

  2. Oui, la priorité des objectifs est incontestable. Merci d’avoir si fermement formulé les données à prendre en compte pour faire en sorte d’échapper au cauchemar du « Matin brun ».

  3. Merci de nous proposer cette tribune !
    Pourtant le fait même de devoir mener ce combat apparaît désespérant.
    Encore et toujours devoir répéter, comme si les leçons de l’histoire ne servaient à rien, pire comme si la culture, censée nous civiliser, ne servait à rien.
    La nature humaine est ainsi faite qu’elle préfère les incarcérations, fussent-elles réactionnelles, à la liberté. Ou plutôt à la capacité d’en voir le chemin et d’en anticiper les vertus.
    Notre pire ennemi est le tropisme à la répétition du malheur. Pulsions sadiques empruntant d’étranges itinéraires, se retournant contre soi plutôt que de choisir le risque de l’Amour. Nous avons si peur loin de notre caverne, « cogito ergo sum in arcem meum », « je pense donc je suis dans ma forteresse intérieure », disait Descartes, comme j’aime à me le rappeler.
    J’imagine que la tentation de la ciguë collective n’est pas si éloignée de cette idée;
    les bégaiements de l’histoire dénoncent l’éternelle humiliation de l’Homme par l’Homme, mammifère imparfait, dont l’unique grandeur est d’avoir conscience de la beauté du Monde, d’en être parfois traversé et de tenter de la reproduire .

    C’est aussi pourquoi, docile, assigné a sa condition, incarcéré dans son quotidien, la laideur ne l’effraie point.

    J’entends par laideur, en ces périodes électorales, la bêtise, c’est-à-dire l’acquiescement à se laisser berner par les bonimenteurs-menteurs et symétriquement, l’abus de faiblesse que ces derniers pratiquent avec cynisme, qu’ Oscar Wilde définissait comme l’art de « connaître le prix de tout et la valeur de rien ». Je n’ignore pas que cette idée puisse se retourner comme un gant selon l’opinion de chacun. Mais nous oublions pas que le populisme est précisément fait de l’étoffe de l’aveuglement : « voulez-vous travailler moins, avoir plus de loisirs, faire payer les riches? « …, « oui ! », réponds la foule naïve et moutonnière, oubliant de se demander comment et qui produira ce luxe à redistribuer…ou encore, « voulez-vous fermer les frontières, bouter les ennemis hors du royaume de France? » … »oui! » réponds la foule inquiète et moutonnière, oubliant de se rappeler d’où leurs parents ou grands-parents ou arrière-grands-parents venaient…
    Notre presqu’île, en bout de continent, riche de toutes les influences que la traversée de l’Atlantique attira, deviendra-t-elle le réceptacle de la désillusion européenne ? Le tapis chatoyant et désormais en danger de notre culture sera-t-il celui sous lequel nos rêves démocratiques alors tombés en poussière seront balayés?
    Non, ne laissons pas se lever ces vents mauvais et tentons de vivre ( en clin d’oeil à Paul Valéry) , en laissant les candidats populistes à la place qu’ils méritent, un tas de bulletins en papier à jaunir, abandonnés sur les bureaux de vote .

  4. Profonde contribution, élaborée, ressentie, peut être un peu sombre et mélancolique. Ce que vous évoquez et regrettez n’est rien d’autre que le combat éternel d’Éros et Thanatos, et le travail souterrain de la compulsion de répétition. Face à cette destructivité sans cesse renouvelée Sysiphe doit continuer à hisser son rocher éternellement. Il faut l’imaginer heureux, selon Camus.
    Mais aussi Jaurès: »Le courage c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille…d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ». Or le réel, actuellement, disparait, comme vous le rappelez, sous le poids des promesses démagogiques, fallacieuses, intenables. La vraie réponse aux peurs, frustrations et déceptions multiples qui assaillent nos sociétés n’est pas « l’open bar » (Jean Tirole) des illusions, du principe de plaisir, du tout, tout de suite de nos démagogues manipulateurs, le « raser gratis » du bon sens populaire qui, in fine, ne se laisse pas tromper. Car si, comme l’exprime l’adage, il est possible de tromper un grand nombre pendant un temps, ou un petit nombre pendant longtemps, il ne l’est pas d’abuser un grand nombre durablement. Les dictatures, politiques ou économiques, sont mortelles car le réel se venge toujours.

    Enfin certes la France se trouve à la pointe extrême du continent européen, finis terrae, lieu de toutes les fuites vers la liberté et de toutes les arrivées des autres mondes, de toutes les sécurités et de tous les enrichissements. La liberté est immortelle.

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